Jardin sur balcon
C’est la mort dans l’âme que je quittais le 26 janvier dernier mon appartement du IIeme
arrondissement. Et pour cause. J’avais pu jouir jusque-là d’un luxe inouï dans Paris, celui de posséder un jardin. Pas un jardin commun ou décoratif qui se résume à un parterre de fleurs. Un vrai
coin de jardin privé, au fond d’une cour calme, avec un noisetier et un robinet pour arroser.
Je m’étais donné du mal pour que de
l’herbe pousse, bien qu’il soit situé à l’ombre la majorité du temps. J’avais aussi planté, dépoté, replanté, gratté et arrosé terres, plantes et fleurs jusqu’à obtenir un petit coin que mes amis
m’enviaient.
J’avais surtout pris goût à ce loisir qui occupe tant les français : le jardinage. Comment allais-je faire sans ces heures précieuses qui
filaient à toute vitesse, passées à jardiner, sans penser à rien et qui me détendaient tant ?
C’est donc résignée que je
découvris mon morceau de balcon, étroit et donnant sur la rue. J’entends déjà certains s’écrier : mais un balcon, c’est déjà un luxe dans Paris ! C’est vrai. Et c’est, finalement consciente de son excellente exposition, très ensoleillée, que je décidais de retrousser mes manches pour recréer un petit
bout de nature derrière mes fenêtres… Le chat avait survécu à ce manque, je le pouvais aussi.
Cela passa par l’achat compulsif de plantes fleuries, de jardinières
à accrocher, d’un très bel arrosoir et … de pieds de fraises et de tomates !!! Après les avoirs soigneusement replantés, j’ai
attendu, et j'ai vu de quoi la nature était capable : donner des fruits, dans un pot posé sur un balcon de la rue la plus poussiéreuse (et buyante) de Paris en ce moment (cf les travaux
réveil-matin de la Mairie de paris).
Je les
ai bichonnées, j’ai enlevé les mauvaises herbes, j’ai fait venir des spécialistes pour des consultations « Alors là, tu vois, pour que tes tomates poussent bien, il faut que tu pinces les
tiges, comme ca. ». « Aaaaah ».
L’émerveillement était à son comble.
Après, un peu d’amour, beaucoup d’eau fraîche, de patience et de
soleil, elles étaient là, rouges, charnues, chauffées par les rayons et… recouvertes de poussière : mes fraises !
J’ai
blâmé ces maudits travaux dont la poussière étouffante à eu raison de certaines, racornies, blanches et desséchées.
Mais je me suis vite enthousiasmée devant ma récolte qui, une fois lavée, à révélé un goût incroyable, doublée d’une bonne dose de satisfaction
et de béatitude. J’avais en effet pris soin de choisir une variété connue pour son goût de fraises des bois, la Mara des bois.
J’attends maintenant l’arrivée des tomates qui rougissent doucement en contemplant mon joli balcon fleuri avec des boules Quies.
Demain, si cela ne vous fait rien, peut-être que je ne vous parlerais de rien car je ne serais pas là. Voilà.