Enfoiré affectif par accident
Depuis mon très apprécié « post anti connard », je pense à un nouveau billet sur le même thème, qui viendrait compléter mes réflexions sur l’enfoirage affectif et les hommes qui nous rendent connes. Parce que les enfoirés affectifs continuent de briser en morceaux les pintades que nous sommes ou avons toutes été un jour (voir un ICI un site dédié au sujet qui publie des témoignages de filles ayant malheureusement croisé la route d’un enfoiré affectif, qui savent bien qu’elles déconnent en continuant de subir mais n’y peuvent rien. Instructif et rassurant : vous n’êtes pas seule !).
Tous les enfoirés affectifs ne sont pas des
connards à proprement parler, dans le sens où ils en profitent sciemment, jouent exprès à nous faire du mal et savent parfaitement qu’ils se conduisent comme des gros cons mais s’en
foutent. Certains en effet, plutôt à plaindre, ne sont pas déterminés à être des enfoirés affectifs. Ils ne sont pas vraiment plus matures que leurs copains enfoirés qui calculent leur coup(s),
mais immatures dans d’autres domaines, d’une autre façon.
Chez certains garçons, parfois même des hommes, l’enfoirage affectif découle d’une incapacité chronique à se comporter d’une manière choisie. Comme s’ils n’avaient pas vraiment de prise sur leur propre personne, sur leurs actes. Qu’ils subissent leur phobie de l’engagement, ou soient aveugles quand à leur manque de respect et leur égoïsme à cause d’un job ou d’un milieu qui fait qu’ils ne se rendent plus compte de comment ça marche normalement…ou qu’ils se subissent eux-même car ils n’ont jamais eus/compris/maîtrisé les bases des codes qui régissent les relations humaines et à plus forte raison les relations amoureuses, ils merdent. Ils merdent parce qu’ils sont dépourvus d’outils pour gérer.
Dans mes précédents billets en effet je focusais sur les enfoirés manipulateurs ou égoïstes. Si ceux dont je parle aujourd’hui le sont aussi, égoïstes, ils n’ont en revanche rien du dominateur, du sadique ou du macho calculateur. Ils ont plutôt une forte tendance à la loose*, à l’auto-prise de tête et à la faiblesse chronique matinée de lâcheté quand il faut faire face au moindre petit obstacle. Sauf que. Là où l’enfoiré affectif de base ne saute pas l’obstacle et s’en lave les mains, l’enfoiré affectif par accident, lui, se sent (et se sait) minable, au moment où il vous laisse dans la merde/reste insensible à une catastrophe qui vous arrive/vous refuse un coup de main pourtant facile. Aucune confiance en sa capacité à contrôler une situation, rien de cette belle assurance masculine, il ne se fait finalement pas de cadeau en laissant une certaine peur d’être débordé l’envahir et le faire réagir comme un c....
Car bien sûr, avec un peu de courage et les codes adéquats, on se sort généralement de pas mal de situations sans avoir à faire souffrir l’autre ou les autres. Qui plus est, comme ces manières, cette logique de préserver l’autre tout en tirant son épingle du jeu, lui sont tout à fait inaccessibles, il préfère se draper dans une attitude d’indifférence pour masquer son désarroi intérieur. D’où la confusion possible entre les deux types d’enfoirés.
Je sais bien, certaines vont s’insurger en disant que merde, c’est pas si difficile, suffit d’anticiper et de dire ce qu’il faut. Mais je vous assure que l’homme étant à la base dépourvu de cette logique, quand il ne l’a jamais acquise, son seul repli (enfin le seul qu’il conçoive) est bien la lâcheté. Il ne voit même pas comment il pourrait s’en sortir autrement. Il n’entrevoit même pas que dire la même chose, accompagnée de mots gentils, d’une explication et d’un truc rassurant serait passé comme une lettre à la poste, alors que dit à froid, comme s’il s’en foutait et au dernier moment, fabriquera une crise et créera de la douleur et de l’incompréhension (« Mais pourquoi me fait-il çaaaaa ??? »). Encore une fois il ne se rend pas service et pire, va ensuite se durcir face à notre souffrance qui le met mal à l’aise.
Contrairement à l’enfoiré
affectif de base, l’enfoiré affectif par accident aimerait bien « faire bien » mais ses névroses l’en empêchent et son bordel psychologique lui indiquent la voie la plus aisée pour
contourner une épineuse et douloureuse prise de conscience : la facilité. Facilité de ne pas faire d’effort, facilité de « profiter » de notre patience ou de notre amour (= notre
incompréhensible tolérance), facilité de glisser tout doucement vers l’enfoirage en règle. Il calcule tellement peu qu’il ne voit même pas en nous et notre super tempérament de
winneuse-courageuse-amoureuse, l’occasion de s’améliorer, de baisser un peu la garde, de se laisser aimer/aider/soutenir, ou d'aimer/aider:soutenir, ou encore de copier-coller notre
savoir faire quand à la forme (puisqu’au fond il ne nous veut pas de mal), afin de se créer un petit nid douillet exempt d’over-réactions, de stress, de peurs pour
camoufler sa vulnerabilité, de montagnes russes, bref d’agitation blessantes en tout genre.
Pour finir par se sentir nul et con, toujours aussi torturé, avec ses peurs, et incapable du courage qui serait nécessaire pour tout simplement se reprendre et décider d’être un mec bien (ou être un homme ? Je sais c’est pas facile, et messieurs, je vous ai même dédié ce post, rappelez-vous). Pour finir par prendre cette excuse (« Je suis lâche, je fais les choses mal et je te fais du mal », voir « Tu ne me mérite pas, toi, tu n’as rien fait de mal », dans une version plus mélodramatique) comme prétexte pour vous quitter alors que vous aviez peu à peu réduit votre niveau d’exigence pour tirer le meilleur de lui. Alors évidemment, vous êtes furieuse parce que la dite rupture à des bons airs de manipulation (que répondre à un mec qui utilise la technique de l’auto-flagellation ??). Mais en y réfléchissant bien, vous savez bien que cet enfoiré là est plus à plaindre que vous, même si vous sanglotez (et que les « vrais » enfoirés affectifs version winners sans cœurs). Car lui ne sera jamais un vrai méchant…
*sur ce point, il faut que je me procure vite le film "Two Lovers" (Joachin Phoenix, Gwyneth Paltrow) que je n'ai pas vu mais qui à mon avis nourrira un peu le débat. Vous l'avez vu? En gros, je crois, un pauvre type coincé entre deux nanas. Il en fait sans doute souffrir au moins une sans le vouloir, non? En tout cas il est écartelé entre raison et sentiment, un bon levier pour devenir enfoiré affectif sans le vouloir.
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