Conférence SFC: psycho socio des parfums #tropbien
SFC, vous connaissez ? Ce sont les initiales de la Société Française de Cosmétique. Une association ayant pour but de « diffuser les connaissances relatives aux sciences biologiques et chimiques et rassembler les membres de différents horizons : chimistes, biologistes, dermatologues, toxicologues, parfumeurs, etc ». Fondée en mars 1951 (elle ne date pas d’hier, donc), elle regroupe les professionnels de la cosmétologie, tous profils confondus : étudiants, chercheurs, acteurs des grands groupes de cosméto, dans leurs branches scientifiques.
Ses membres sont chaque mois invités à assister à une conférence sur un thème qui a trait à la beauté. Mais soyons honnêtes, le contenu a longtemps semblé bien nébuleux pour qui n’avait pas un diplôme en biologie appliquée. Or, en même temps que la conservatrice SFC découvre la nécessité d’être présente sur les réseaux sociaux pour acquérir un peu de visibilité (page FB : check ! Twitter : à venir), elle s’ouvre à des thèmes de conférence plus accessibles au grand public.
Et grâce à Sophie de l’excellent blog (dé)maquillage, j’ai pu assister à la dernière d’entre elle. J’avais loupé « Lipstick design », conférence sur le rouge à lèvres, sa dimension d’objet identitaire, d’affirmation de soi et de séduction, mais qui abordait aussi comment en réinventer le geste, la relation à l’objet, le plaisir, l’image et le rituel associé… bref, j’avais raté une super thématique, hors de question de rater celle-là ! Cette fois il était question des émotions liées au parfum des produits cosmétiques, de son vrai nom « Emotions et expérimentation en parfum, cosmétique et maquillage » ! Il s’agissait, en plus, de la conférence annuelle pendant laquelle la SFP (SF des Parfumeurs) se joint à la SFC pour évoquer un thème commun.
Au programme
Sur fond de psycho-socio, nous avons eu la chance d’écouter Arnaud Aubert de l’Université François-Rabelais de Tours, et Patrice Bellon de chez Symrise nous exposer théories, essais, études grandeurs natures et conclusions sur ce thème, soit, pour faire court : l’aromachologie c’est-à-dire les effets des parfums sur nous, petites créatures émotionnelles, et nos cerveaux. (oui, à priori nous en avons chacun plusieurs même si les participants aux
émissions de télé réalité finissent par nous le faire oublier).
Et attention, le contenu était à la hauteur de l’orateur ! Notre cher Arnaud ne s’est pas contenté de nous livrer une version édulcorée de ses recherches, non, non, non, au contraire, nous avons pu en découvrir de très nombreux aspects insoupçonnés. J’ai rarement entendu un aussi bon orateur, capable de vulgariser sans se compromettre des données hautement précises, en captivant son auditoire grâce à une savante capacité à ramener ses activités de labo dans la vraie vie.
Bon, vers la fin j’avoue l’avoir un peu eu dans le collimateur quand il a dit « Le chat ne sert à rien mais il était partout sur terre, chouhchouté grâce à sa « baby face », (#LOL) pour nous démontrer l’influence de l’apparence sur les émotions et les préjugés. En vrai, malgré cette insulte à la royauté féline, c’était très drôle et sérieux à la fois.
Car derrière tout ça, une industrie à plusieurs de milliards qui n’a de cesse de se demander comment nous faire craquer sur ses produits, et -donc- quels parfums vont nous faire passer à l'acte (d'achat).
=> Vous vous voyez, là, au supermarché en train d’ouvrir un flacon de shampoing, d’appuyer doucement dessus pour en sniffer le contenu ?
Et bien c’est tout ce qui se passe dans votre tête à ce moment là que ces messieurs ont décortiqué et surtout, tenté de mesurer. Car c’est bien beau de considérer à priori que telle ou telle odeur va nous mettre en joie (genre les classiques accords « toniques » type agrumes dans les gels douche dits « réveil matin) mais j’en connais qui n’aiment pas l’odeur des agrumes. Et rapporté à une population, ben ça fait beaucoup : il faut bien partir d’une base pour savoir qui aime quoi, et le mesurer.
Et pour ça, des méthodes rigolotes humaines, basées sur l’observation (ta tête quand tu sens les agrumes : beuuuurk ou yesss ?), des questionnaires, et
d’autres disons moins subjectives, basées sur ces choses que l’on ne contrôle pas type rythme cardiaque (qui ralentit quand on sent de la lavande), taille de la pupille
qui varie (yeux grands ouverts avec la pupille dilatée = je kiffe en langage scientifique -ce qui est aussi valable en séduction, NDLR)
Poupoune qui était là elle aussi en parle très bien dans son billet, plus scientifique, à son image (elle est véto !).
La conférence fut donc tout à fait exhaustive, mais pour notre plus grand plaisir, enfin nourries de décryptages pointus sur notre univers chéri, la beauté, via le spectre sociologique et psychologique, la base, pour moi, de toute cette histoire de beauté.
Et oui, se parfumer, se maquiller, plaire, se plaire, tout ça évoque un champ extraordinairement vaste de considérations psycho : estime de soi, regard des autres, attirance, conscience de soi, de son corps, relation à l’autre, au sexe opposé… Bref, cette conférence nous a ravies et a apporté une ouverture de taille à nos esprits trop souvent racornis par un marketing qui réduit les produits de beauté à des marchés à conquérir, des besoins à fabriquer, pour toujours vendre… en nous détournant des fondements même de cette matière humaine, riche et diversifiée.
Alors merci à la SFC et la SFP pour ce moment instructif, et à vous, passionnés de beauté, je ne peux que recommander de prendre une carte de membre pour pouvoir profiter de ce savoir enrichissant à titre professionnel … et personnel !
Si pas le temps/envie etc… likez leur page FB, vous pourrez au moins suivre leurs actus !
Et leur site : http://sfcosmeto.fr