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Est-on vraiment « gâtées » ?

27 Septembre 2016 , Rédigé par La journaliste Publié dans #Analyses & RP, #Des hauts et débats

Par « on » pour situer le propos, je parle des journalistes beauté, et par extension, des blogueuses et influenceuses. Le sujet est arrivé sur le tapis pendant un voyage de presse lors d’une discussion avec une youtubeuse comptant pas moins de 500 000 followers au compteur. Et c’est bien la première fois que je me posais la question, ou en tout cas que je voyais les choses sous un angle différent, grâce à elle. En effet, depuis mes premiers pas en tant que rédactrice et journaliste beauté il y a plus de 10 ans, j’ai toujours considéré que l’on était privilégiées, gâtées, choyées, d’une manière qui m’a parfois gênée, ne me sentant pas « mériter » tous ces traitements de faveur. Tu m’étonnes, on reçoit des produits gratuitement, on est invitées à des évènements super sympa, on peut même tester des massages et des soins, et même parfois des thalasso quand ce ne sont pas des voyages de presse. C’est clair que la vitrine fait très envie… et pour cause, c’est le rêve de tout plein de femmes : ces avantages en nature sont super sexy. Plus que les tickets restaurant que je n’ai jamais eu par exemple. Comme je le dis toujours avec le glamour qui me caractérise : « On n’est pas en train de découper des poulets à l’usine ». Voilà.

Est-on vraiment « gâtées » ?

Je ne vais pas m’étendre sur le débat de « Ben nan, en fait, c’est pour le boulot. Les voyages de presse, c’est sympa, mais c’est du travail… Qui a envie de partir avec des collègues pour suivre un programme que l’on n’a pas choisi ? ». Non, je ne vais pas aller par là. Non pas parce que c’est faux (même si les voyages de presse ne sont pas toujours un passage au paradis comme je l’avais montré dans ce post qui d’ailleurs a précisément parfois été mal compris) mais surtout parce que c’est quand même loin, très loin de l’enfer et que précisément, j’estime toujours que c’est une chance malgré les potentiels inconvénients, réels, mais qui restent minimes à mes yeux.

Voilà quel était mon point de vue jusqu’à cette discussion avec la dite youtubeuse. Alors que l’on discutait de ce qu’était « jouer le jeu » avec les marques selon que l’on soit youtubeuse ou journaliste, alors que je lui disais « On est quand même très gâtées » celle-ci me balance : « Ben en fait, non, pas tant que ça. On fournit quelque chose aux marques en échange de tout ça. Donc oui, c’est toujours agréable, mais bon, on n’est pas "gâtées". C’est justement ça, jouer le jeu, c’est tout. Les marques calculent leur coup »… A une lettre près on obtient « les marques calculent leur coûts » et soudain, c’est vrai qu’on a l’air moins « gâtées » que gentiment graissées à des fins marketing…

Est-on vraiment « gâtées » ?

Moi j’ai répondu que, quand même, même si je vois l’idée, je reste reconnaissante envers les GENS qui préparent tout ça pour nous. Il me reste peut être encore un peu de naïveté mais j’ai toujours trouvé (et rendu hommage du coup) aux attachées de presse qui se décarcassent pour trouver des cadeaux sympas, des animations nouvelles etc… bref, pour nous faire plaisir. Alors oui, OK, c’est leur job et oui elles font ça dans l’optique d’un retour sur investissement, c’est sûr #businessisbusiness … MAIS bon, s’il ne faut -donc- pas confondre gentillesse et opération séduction, je reste convaincue que l'on peut faire les choses d’après un froid calcul, mais aussi avec du cœur. Et en ce sens, on EST gâtées car souvent, les attachées de presse y mettent plus que des zéros sur un budget comm’: elles prennent leur métier à cœur et on (les journalistes) agit avec elles en bonne intelligence, et pas sur un mode donnant-donnant stricte. Et je pense que la plupart de mes consoeurs journalistes -de mon âge- le pensent aussi. Car ces jeunes filles courtisées semblent parfois ne plus répondre qu'aux sollicitations rémunérées: elles ont bien compris que face aux autres opérations séduction, elles étaient libres de ne "rien en faire" et peuvent profiter d'un voyage de presse en se fendant d'in tweet et penser que "ca suffit" pour justifier leur présence. Voilà une différence avec les Youtubeuses, s'il en fallait encore une...

Et en ça, avoir des gens qui veulent nous faire plaisir, même pour un retour parce que c’est ça de jouer le jeu de nos métiers, et bien c’est inestimable. Pensez à tous ces gens qui n’ont aucune personne qui cherche à leur faire plaisir. A eux dont le taf ne présente aucun avantage en nature. A ceux qui ont des tâches ingrates voir avilissantes à réaliser. Est-ce la différence entre les jeunes qui ont une vision plus désenchantée de leur job que nous qui sommes dans le milieu depuis des années ? Ou est-ce une question de support, les youtubeuses étant parfaitement consciente qu’aujourd’hui tout se monnaie, surtout la popularité sur les réseaux sociaux, encouragées par les marques alléchées? Sans doute un peu des deux… Cette discussion me permettra alors peut-être de me sentir moins « redevable » de ces cadeaux qui n’en sont donc pas complètement, car peut être qu’en effet il faut voir tout ça d’une manière moins émotionnelle et plus froide. Mais malgré tout, si l’on n’est peut-être pas « gâtées » au sens « cadeau désintéressé », définitivement, on a de la chance. Que les blasées en tout genre et celles qui prennent ça pour un dû s’étranglent avec leur rouge à lèvres gratuits et leurs petits fours si elles pensent autrement…

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R
Et l'info dans tout ça? Le résultat, la qualité du produit? Les youtubeuses se font payer pour faire de la pub, les journalistes informent. Se sentir redevable face à son lectorat et le travail des rp pour relayer l'information c'est normal. Les marques n'attendent pas la même chose de la part des journalistes et des influenceuses. Si elles ont les moyens de gâter tout le monde autant en profiter après chacun travaille avec sa conscience.
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G
Bien sûr que vous êtes gâtées !Et se plaindre qu'un retour est attendu est presque indécent.
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